Aujourd’hui, j’ai compris qu’il fallait que je parle à mes enfants.
Aujourd’hui, j’ai décidé qu’il fallait que je leur parle.
Je les écoute.
J’entretiens une conversation avec eux.
Mais je ne me livre pas à eux.
Ils ne connaissent pas mes états d’âmes.
Je ne leur explique pas ce que je pense et je ressens.
Je me contente de les guider, de les féliciter, de les rouspéter et de râler.
Mais ont-ils vraiment besoin de savoir ce que je ressens ?
Est-ce vraiment bon pour eux de savoir ce genre de choses ?
Longtemps, j’ai pensé que les problèmes d’adultes devaient rester des problèmes d’adultes justement.
Et que mes «problèmes» n’en sont pas vraiment…
Et puis mes 2 plus grands posent ce regard sur moi,
Un regard qui en dit long sur leur incompréhension, sur leur étonnement…
Et là j’ai compris qu’ils ressentent les choses…
Ils se rendent bien compte que maman est au bout du rouleau… Oui mais pourquoi ?
«Pourquoi tu es triste maman, c’est parce que j’ai été vilain aujourd’hui?»
Alors j’ai décidé de dire et d’expliquer les choses…
«Oui en ce moment Maman s’énerve vite, mais c’est parce qu’elle est très fatiguée…»
«Oui c’est vrai, Maman a moins de temps qu’avant pour s’occuper de toi… Mais je t’aime toujours autant. »
«Un coeur de Maman, c’est comme un ballon ! On le gonfle un peu plus quand il y a un petit frère qui arrive et il grandit, comme ça il y a de l’amour pour tout le monde !»
À la naissance de mon grand, je suis devenue quelqu’un d’autre.
Naissance un peu difficile parce quand monsieur décide de se faire une écharpe avec son cordon, forcément ça complique un peu les choses.
Et puis ce tout petit bout de chou me faisait peur.
Peur de lui faire mal.
Peur de faire mal.
Peur de ne pas être à la hauteur.
Peur de ne pas savoir le protéger.
Le lot de beaucoup de jeunes parents.
À 3 mois, devant des pleurs incessants tous les soirs de 19 à 23 h, les fameuses crises de la tombée de la nuit et son lot de pleurs de décharges, on l’emmène chez l’ostéo.
Et là, le plus gros choc a été pour moi.
Pas tant par la manipulation mais par le discours de l’ostéo, qui me conseillait de lui parler, à ce ptit bout…
Parce qu’on était passé par de sacrés trucs, lui, son papa et moi le jour de sa naissance.
Et qu‘il fallait lui parler, lui raconter son histoire.
Sauf que parler « dans le vide », c’est pas mon truc.
À 3 mois, il ne nous tenait pas de long discours et je me trouvais bête de lui parler alors qu’il me regardait avec de grands yeux ronds.
L’impression de tourner folle et de parler toute seule.
Et puis il a grandit et s’est mis à parler.
On ne l’arrête plus d’ailleurs.
Il est devenu grand frère et c’était beaucoup plus facile pour moi de parler au p’tit Ouistiti.
Je ne parlais pas toute seule, son grand frère était là et me répondait.
Et puis en juin dernier, ils sont devenus grands frères tous les deux.
Arthur et moi avons traversé une sacrée aventure le 14 juin.
On a même réussi à faire peur au papa.
Et puis trois mois après, on est toujours là et en pleine forme.
Parler et gazouiller devant le dernier se fait plus naturellement.
Habituée à faire la pitre devant les plus grands pour chasser les chagrins et guérir les ptits bobos.
On chante aussi les comptines apprises à l’école.
Le premier a grandit dans le silence et le dernier dans les rires et la musique. (Bon, les cris aussi. Ça arrive, ne nous en cachons pas…)
Et puis j’ai décidé d’enlever ma carapace.
Ou du moins de la fendre un peu.
Cette carapace que j’enfile quand j’ai peur de souffrir.
Peur de me livrer, peur de tomber amoureuse, peur de ne pas les protéger comme il faudrait, peur de les perdre…
Sans raison apparente, je fais beaucoup de cauchemars en ce moment.
Des cauchemars où ils sont enlevés, où ils arrêtent de respirer comme ça d’un coup, noyés, écrasés, prisonniers d’une maison en flammes… (et même d’une attaque de dinosaures… Ce rêve là, je ne sais vraiment pas d’où je le sors…)
Pas très réjouissant tout ça !
Peur de m’endormir et de refaire ces rêves à la noix, comme on dit chez nous.
Et puis j’entends mon tout petit qui se réveille pour la tétée de la nuit.
Et j’ai vraiment besoin de câlin.
Alors sans le vouloir, il fait office de doudou.
Rajoutez à ça que j’ai commencé à regarder le replay de baby-boom, on une maman prête à accoucher apprend que le cœur de son bébé ne bat plus.
Alors j’ai décidé de parler à mes enfants.
Leur dire que je les aime.
Mais aussi leur expliquer qu’une maman à le droit d’être fatiguée, triste ou en colère,
qu’une maman parfaite, si ça existe, eh bien elle n’habite pas ici, mais que celle qu’ils ont essaye de faire de son mieux.
De leur parler avec des mots choisis pour qu’ils me comprennent.
J’ai besoin de leur contact, de leurs câlins et de leurs bisous.
Besoin de les voir si complices tous les trois.
Quand les deux plus grands font les clowns pour faire rire aux éclats le tout petit.
J’ai aussi besoin de voir mon mari sourire devant tout ça et se réjouir de petits bonheurs tous simples.
Parler et expliquer, aussi pour faire en sorte qu’il puisse rentrer dans une maison pleine de rires d’enfants après une journée de travail.
Parce que c’est quand même plus sympa que de rentrer dans une maison pleine de cris et de larmes.
Leur parler dans les bons et les moins bons moments.
Parce que râler quand ça va pas je sais faire mais dire quand tout va bien aussi !
Parler et expliquer avant de punir,
Parler et expliquer pour les féliciter,
Parler pour leur dire que je les aime tout simplement… !
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de parler pour moins râler !
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